En partenariat avec la Bibliothèque nationale et universitaire,
l'institut d'égyptologie de l'Université de Strasbourg et
la ville de Strasbourg
UNE RENCONTRE SUR LA
MANIFESTATION
DU POUVOIR
EN ÉGYPTE ANCIENNE
Du pré-dynastique aux époques tardives
Le thème de la journée sera développé par
Mme Beatrix Midant-Reynes
Mme Suzanne Bickel
M. Pascal Vernus
M. Claude Traunecker
M. Christophe Barbotin
INSCRIPTION
Accueil à partir de 8h30 9h15 |
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9h30 9h30 L’ÉGYPTE EST, AVEC LA MÉSOPOTAMIE, LE PLUS Dans le concept idéal de progrès inventé par la société industrielle au XIXe siècle, il (l’État) apparaît comme la forme la plus achevée d’une évolution linéaire, allant du bas vers le haut, depuis des formes d’organisation sociale simples vers des formes de plus en plus complexes (depuis la horde paléolithique, en passant par le clan, la tribu, la chefferie…). |
PAUSE GOURMANDE | |
11h30 11h30 LE ROI MÉDIATEUR: Exprimer une brève prière au nom du roi faisait probablement partie de la pratique religieuse quotidienne d’une large part de la population égyptienne. Que signifiait ce geste ? Comment le pouvoir l’accueillait-il et y répondait-il ? Une évolution de la vénération « populaire » du pharaon semble se dessiner au cours de la XVIIIe dynastie et culminer avec Amenhotep III, avant de changer de nature sous son successeur Akhénaton. |
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14h30 14h30 L'ORDRE ROYAL ET LA TRANSPOSITION PAR M. PASCAL VERNUS Dans la civilisation pharaonique, l’«ordre royal» (wḏ nsw) est l’acte fondamental à travers lequel s’exerce l’autorité du pharaon. Laquelle trouve sa légitimité dans le fait qu’elle n’est que la reproduction de l’autorité suprême, celle du démiurge solaire à qui appartient en dernière instance la capacité de faire advenir une réalité par le simple fait de l’ordonner (wḏ) grâce à une parole douée d’une vertu créatrice (ḫw), «performative» en terme moderne. En tant que vicaire terrestre du démiurge, le pharaon a reçu de lui la délégation de faire advenir par le seul acte – premièrement oral, puis couché par écrit – d’ordonner (wḏ). D’abord, il a été utilisé comme forme textuelle dans le faux sacerdotal, destiné à légitimer un état de fait en le faisant remonter à une décision prise par un pharaon prestigieux du passé et censée avoir été exprimée à travers un «ordre royal», en réalité fictif. Ainsi, l’«ordre royal» (ci-contre) pour la protection de la fondation funéraire d’Amenhotep fils de Hâpou, attribué de manière apocryphe au pharaon Amenhotep III (1391-1353 avant J.-C.), mais composé au début de la Troisième Période Intermédiaire (vers 1069 avant J.- C.). Ainsi, la stèle de la famine, qui commémore l’établissement par le pharaon Djoser (2617-2599 avant J.-C.) des droits du domaine du dieu Khnoum sur le Dodékaschoene, ce qui correspond à un état de fait pertinent deux millénaires et demi après! |
16h PHARAON, GENTIL ORGANISATEUR PAR M. CLAUDE TRAUNECKER Peut être a-t-on oublié que la civilisation égyptienne est une civilisation d’ostentation. Sinon comment expliquer cette profusion de monuments qui continuent à fasciner le public après tant de siècles ? La recherche s’est focalisée sur la pensée de l’ancienne Égypte, si diverse et subtile conservée sur les parois de temples et les papyrus qui nous sont parvenus. Dans cette documentation le peuple tient peu de place, du moins directement. Mais personnellement j’ai acquis la conviction que le pouvoir pharaonique ne pouvait se passer de l’approbation populaire. La base du pouvoir pharaonique est fondée, entre autres, sur l’organisation de fêtes religieuses et la participation du public. Au cours de ces fêtes est proclamée ipso facto l’identité de l’autorité temporelle organisatrice. Parfois pharaon en personne est présent, mais souvent il est représenté par une image et une personnalité de confiance qui n’est pas toujours religieuse. La preuve de l’importance de ce processus est que lors de changements de régimes ou de dynasties, l’autorité pharaonique nouvelle se lance dans des projets architecturaux très ambitieux afin de donner un cadre prestigieux aux cérémonies collectives. D’autre part en cas de litiges, l’enjeu des partis opposés est la direction des fêtes sur le terrain (papyrus Spiegelberg de Strasbourg) ! Est roi celui qui, soit réellement soit par représentation, conduit la fête et les réjouissances devant le peuple assurant son bonheur présent et éventuellement post mortem ! Au cours de cet exposé, je présenterai plusieurs dossiers illustrant factuellement cette approche de l’histoire égyptienne. |
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17h45 LES FORMES DE LA CONTESTATION DU POUVOIR PAR M. CHRISTOPHE BARBOTIN Une civilisation hiératique vibrant à la gloire des dieux et de Pharaon avec toute la dose de crainte et de respect qui l’accompagne, telle est l’image d’Épinal que le grand public se forme de l’Égypte pharaonique. Mais l’image ne résiste guère à l’examen. On constate en effet que les lettrés égyptiens, les seuls dont on puisse parler aujourd’hui grâce aux nombreux documents qu’ils nous ont transmis, ne se faisaient guère d’illusions sur la nature profondément humaine de leurs dirigeants. Il sera donc tenté, lors de cette conférence, de relever les traces des diverses formes de résistance qu’ils ont pu opposer au pouvoir royal et théocratique au cours de son histoire. |