Sesostris III (Nama.)

En partenariat avec la Bibliothèque nationale et universitaire,
l'institut d'égyptologie de l'Université de Strasbourg et
la ville de Strasbourg

UNE RENCONTRE SUR LA
MANIFESTATION
DU POUVOIR
EN ÉGYPTE ANCIENNE

Du pré-dynastique aux époques tardives
Le thème de la journée sera développé par
Mme Beatrix Midant-Reynes
Mme Suzanne Bickel
M. Pascal Vernus
M. Claude Traunecker
M. Christophe Barbotin

INSCRIPTION

 Accueil à partir de 8h30

9h15
MOT DE LA PRÉSIDENTE DE L'ASSOCIATION ALSACIENNE D'ÉGYPTOLOGIE
PRÉSENTATION DES CONFÉRENCIÈRES ET CONFÉRENCIERS PAR M. FRÉDÉRIC COLIN

DIRECTEUR DE L'INSTITUT D'ÉGYPTOLOGIE ET DE PAPYROLOGIE DE L'UNIVERSITÉ DE STRASBOURG

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9h30

9h30

L’ÉGYPTE EST, AVEC LA MÉSOPOTAMIE, LE PLUS
ANCIEN ÉTAT DU MONDE

PAR Mme BEATRIX MIDANT-REYNES
DIRECTRICE DE RECHERCHE ÉMÉRITE AU CNRS, UMR5608, TOULOUSE

    Dans le concept idéal de progrès inventé par la société industrielle au XIXe siècle, il (l’État) apparaît comme la forme la plus achevée d’une évolution linéaire, allant du bas vers le haut, depuis des formes d’organisation sociale simples vers des formes de plus en plus complexes (depuis la horde paléolithique, en passant par le clan, la tribu, la chefferie…).
     Mais cette vision évolutionniste a été battue en brèche par l’anthropologie du XXe siècle qui a montré que des sociétés de chasseurs-cueilleurs pouvaient être complexes et que, paradoxalement, l’état suivait un processus simplificateur. Loin d’être l’acmé de l’évolution des sociétés - celles ne l’ayant pas atteint ayant échoué – la transition vers l’État est une « option » sur les raisons de laquelle on propose de s’interroger. A l’issue des « révolutions » néolithiques, des sociétés lignagères (le prestige et le pouvoir sont liés à la généalogie) émergent à peu près partout dans le monde et à des moments différents. Or, l’État oppose une formule politique en rupture avec ces formes anciennes. Son émergence est rare. Elle n’est pas un aboutissement, c’est une « anomalie ». 

PAUSE GOURMANDE

11h30

11h30

LE ROI MÉDIATEUR:
ARCHITECTURE ET RELIGION SOUS AMENHOTEP III

PAR Mme SUZANNE BICKEL
PROFESSEUR À L’UNIVERSITÉ DE BÂLE, DÉPARTEMENT D’ÉGYPTOLOGIE   

    Exprimer une brève prière au nom du roi faisait probablement partie de la pratique religieuse quotidienne d’une large part de la population égyptienne. Que signifiait ce geste ? Comment le pouvoir l’accueillait-il et y répondait-il ? Une évolution de la vénération « populaire » du pharaon semble se dessiner au cours de la XVIIIe dynastie et culminer avec Amenhotep III, avant de changer de nature sous son successeur Akhénaton. 

Memnon Kolosse w 
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14h30

14h30

L'ORDRE ROYAL ET LA TRANSPOSITION
DE SON AUCTORITAS DANS L'IMAGINAIRE

PAR M. PASCAL VERNUS
DIRECTEUR D’ÉTUDES ÉMÉRITE EN ÉGYPTOLOGIE (EPHE PARIS)

    Dans la civilisation pharaonique, l’«ordre royal» (wḏ nsw) est l’acte fondamental à travers lequel s’exerce l’autorité du pharaon. Laquelle trouve sa légitimité dans le fait qu’elle n’est que la reproduction de l’autorité suprême, celle du démiurge solaire à qui appartient en dernière instance la capacité de faire advenir une réalité par le simple fait de l’ordonner (wḏ) grâce à une parole douée d’une vertu créatrice (ḫw), «performative» en terme moderne. En tant que vicaire terrestre du démiurge, le pharaon a reçu de lui la délégation de faire advenir par le seul acte – premièrement oral, puis couché par écrit – d’ordonner (wḏ). D’abord, il a été utilisé comme forme textuelle dans le faux sacerdotal, destiné à légitimer un état de fait en le faisant remonter à une décision prise par un pharaon prestigieux du passé et censée avoir été exprimée à travers un «ordre royal», en réalité fictif. Ainsi, l’«ordre royal» (ci-contre) pour la protection de la fondation funéraire d’Amenhotep fils de Hâpou, attribué de manière apocryphe au pharaon Amenhotep III (1391-1353 avant J.-C.), mais composé au début de la Troisième Période Intermédiaire (vers 1069 avant J.- C.). Ainsi, la stèle de la famine, qui commémore l’établissement par le pharaon Djoser (2617-2599 avant J.-C.) des droits du domaine du dieu Khnoum sur le Dodékaschoene, ce qui correspond à un état de fait pertinent deux millénaires et demi après!
    De plus, en raison de la force d’autorité qu’il véhicule, l’«ordre royal» a été utilisé dans les croyances religieuses en tant que forme textuelle garantissant l’auctoritas d’une composition religieuse. Depuis le Moyen Empire jusqu’à l’époque gréco-romaine, les mythes, la magie et surtout les croyances funéraires ont largement mis cette forme à leur service. Cette transposition de l’ordre royal a suscité un jeu de rôle complexe qui n’a pas toujours été distinctement mis en lumière et a suscité des controverses. Elles ont laissé en suspens bien des problèmes d’interprétation.
 

16h

PHARAON, GENTIL ORGANISATEUR
DES FÊTES DE THÈBES

QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LES FONDEMENTS DU POUVOIR PHARAONIQUE

PAR M. CLAUDE TRAUNECKER
PROFESSEUR ÉMÉRITE EN ÉGYPTOLOGIE
ANCIEN DIRECTEUR DE L'INSTITUT D'ÉGYPTOLOGIE DE STRASBOURG

    Peut être a-t-on oublié que la civilisation égyptienne est une civilisation d’ostentation. Sinon comment expliquer cette profusion de monuments qui continuent à fasciner le public après tant de siècles ? La recherche s’est focalisée sur la pensée de l’ancienne Égypte, si diverse et subtile conservée sur les parois de temples et les papyrus qui nous sont parvenus. Dans cette documentation le peuple tient peu de place, du moins directement. Mais personnellement j’ai acquis la conviction que le pouvoir pharaonique ne pouvait se passer de l’approbation populaire. La base du pouvoir pharaonique est fondée, entre autres, sur l’organisation de fêtes religieuses et la participation du public. Au cours de ces fêtes est proclamée ipso facto l’identité de l’autorité temporelle organisatrice. Parfois pharaon en personne est présent, mais souvent il est représenté par une image et une personnalité de confiance qui n’est pas toujours religieuse.

    La preuve de l’importance de ce processus est que lors de changements de régimes ou de dynasties, l’autorité pharaonique nouvelle se lance dans des projets architecturaux très ambitieux afin de donner un cadre prestigieux aux cérémonies collectives. D’autre part en cas de litiges, l’enjeu des partis opposés est la direction des fêtes sur le terrain (papyrus Spiegelberg de Strasbourg) ! Est roi celui qui, soit réellement soit par représentation, conduit la fête et les réjouissances devant le peuple assurant son bonheur présent et éventuellement post mortem ! Au cours de cet exposé, je présenterai plusieurs dossiers illustrant factuellement cette approche de l’histoire égyptienne. 

fete opet musiciens
Fête d'Opet: les musiciens

 

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Fëte d'Opet : la foule acclame la barque d'Ammon

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17h45

LES FORMES DE LA CONTESTATION DU POUVOIR
DANS L'ÉGYPTE ANCIENNE

PAR M. CHRISTOPHE BARBOTIN
DOCTEUR EN ÉGYPTOLOGIE
CONSERVATEUR EN CHEF DU DÉPARTEMENT
DES ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES DU MUSÉE DU LOUVRE

    Une civilisation hiératique vibrant à la gloire des dieux et de Pharaon avec toute la dose de crainte et de respect qui l’accompagne, telle est l’image d’Épinal que le grand public se forme de l’Égypte pharaonique. Mais l’image ne résiste guère à l’examen. On constate en effet que les lettrés égyptiens, les seuls dont on puisse parler aujourd’hui grâce aux nombreux documents qu’ils nous ont transmis, ne se faisaient guère d’illusions sur la nature profondément humaine de leurs dirigeants. Il sera donc tenté, lors de cette conférence, de relever les traces des diverses formes de résistance qu’ils ont pu opposer au pouvoir royal et théocratique au cours de son histoire. 

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