La tombe de Merenptah, treizième fils et successeur de Ramsès II, compte parmi les plus grands et les plus beaux hypogées de la Vallée des rois. Une présentation détaillée de l’architecture et du décor de cet ensemble, que l’on connaît désormais presque totalement grâce aux fouilles que le Louvre y a exécutées entre 2002 et 2016, sera suivie d’une proposition d’interprétation globale des principes mis en œuvre. 

  Une telle analyse permettra de mettre en évidence l’extrême rigueur de la pensée qui a présidé à la conception de ce monument, et de jeter ainsi quelques bases pour une redéfinition des tombes royales ramessides.

L'ÉGYPTE ANCIENNE : UNE CULTURE DU DÉBAT ?

Inerkhaou TT359 Chant du harpiste © J. Boissin

    Parmi les idées reçues concernant la civilisation pharaonique, il y a celle d’une Égypte plurimillénaire – ce qui est indiscutable –, mais aussi éternelle et immuable – ce qui est peu défendable. Cette civilisation aurait-elle traversé tant de siècles si elle n’avait su s’adapter aux nombreuses mutations environnementales et surmonter les différents désordres socio-politiques ?

  Parmi les facteurs susceptibles d’expliquer cette longévité exceptionnelle, on peut mettre en évidence un goût marqué de la part des Égyptiens anciens pour le débat d’idées et une capacité certaine à user de la dialectique pour résoudre les conflits.

   Nos récentes investigations menées au Museo Egizio de Turin offrent une perspective nouvelle grâce à l’application de méthodes technologiques et archéologiques à l’étude de la chaîne opératoire du modèle. Les techniques de photogrammétrie ont permis de documenter des détails fins, révélant des traces telles que des empreintes digitales et des marques d’outils. Ces éléments fournissent des informations précieuses sur le savoir-faire et les techniques de construction des artisans égyptiens anciens, un aspect souvent éclipsé par les interprétations symboliques.

   De manière significative, la découverte de grains réels à l’intérieur des silos introduit une dimension inédite, suggérant un lien possible avec les pratiques concrètes de stockage alimentaire et les croyances en la subsistance dans l’au-delà, plutôt qu’une simple fonction de représentation symbolique. Une analyse archéobotanique en cours vise à déterminer dans quelle mesure ce modèle reflète les systèmes réels de stockage des grains dans l’Égypte ancienne, offrant ainsi de nouvelles perspectives sur son rôle pratique et symbolique dans les contextes funéraires ainsi que sur les pratiques agricoles.